Mon blog de Yiquan

Shifu Laurent Morlet posture combat maître Wei Yuzhu

Mon blog de Yiquan

Peu de temps après mon baishi (cérémonie d’acceptation comme disciple) avec shifu Wei Yuzhu, il m’a demandé, en plus des notes que je prenais régulièrement durant les enseignements, d’écrire le moment venu sur ce que je vivais avec lui dans le Yiquan.

 

Non pas un énième livre de type manuel de pratique, non, ni même des recherches sur le Yiquan et ses origines (il existe déjà sur le sujet du Yiquan/Da Cheng Quan un blog de qualité, ainsi qu’un blog de recherche de haut niveau ), mais sur ce que je vis, et ressent en vivant le Yiquan avec lui en Chine.

 

Pourquoi maintenant, en décembre 2020 ?

 

Le 22 septembre dernier Wei Yuzhu nous quittait, emporté par une crise cardiaque. Le monde des arts martiaux chinois, particulièrement celui du Yiquan a été très affecté par la perte de celui qui était considéré comme « la colonne vertébrale » du Yiquan de Beijing (dixit Yao Chengguang). Et à titre personnel, j’ai perdu celui qui était plus qu’un père pour moi…

 

Alors je me trouve face aux responsabilités qui m’incombent et que j’ai acceptées, devenant son disciple, et son successeur pour l’Europe et la France.

Wei Yuzhu et son disciple proche Luo Hang

Wei Yuzhu et Luo Hang

Disciple, successeur, des termes qui peuvent prêter à confusion …

 

A ce stade, une remarque préliminaire. Cela peut paraitre pompeux, voir exorbitant de se trouver et se dire « successeur » d’un tel maître de Yiquan de la 3ème génération.

Et effectivement, ça l’est. Lui-même en riait avec moi en disant « on ne représente que soi-même » et c’est bien le cas.

Mais pour autant, il accordait une importance à cela malgré tout.

Il m’a présenté comme tel à ses frères du Yiquan mais aussi du Shuai Jiao, et je l’accompagnais partout auprès de mes oncles, tous maîtres prestigieux ! Au point d’avoir avec eux une relation personnelle bien réelle.

 

Il m’a demandé d’ouvrir un wuguan en France, consacré à son enseignement, et de prendre également des disciples. Mon 1er disciple est venu de nombreuses fois en Chine vivre avec nous, et il a été reconnu et présenté cérémonieusement comme la 5ème génération du Yiquan (ce qui a fait de moi un « shifu », au sens traditionnel). Ce n’est pas fréquent dans le petit monde du Yiquan !

3 générations réunies: Wei Yuzhu et sa femme (3ème génération), son disciple Luo Hang (4ème), et le disciple de Luo Hang, Panyi (5ème)

 

C’est donc un peu cela ce que le terme « disciple successeur » veut dire.

 

Ce que cela veut surtout dire, c’est que j’ai été proche, très proche de lui.

 

Au point qu’il m’accorde sa confiance et exerce sur moi une vraie paternité. Cette intimité, est ce qui est gage de la transmission.

Scène de vie quotidienne: préparation du déjeuner avec Wei Yuzhu

Scène de vie quotidienne: préparation du déjeuner avec Wei Yuzhu

Le fait de vivre avec lui, de pratiquer donc chez lui, pas dans un camp où l’on va effectuer des stages avec d’autres apprenants, pas dans un wuguan où l’on suit des cours collectifs, ou dans un village parmi des centaines de disciples, mais chez lui dans sa maison, au sein de sa famille, c’est de cela qu’il s’agit.

Pratique quotidienne chez mon shifu (en jijizhuang)

Voir le maître vivre quotidiennement, le voir appliquer la sagesse apprise du Yiquan concrètement, aux choses simples de la vie…voir comment il pratique le Yiquan lui-même et le faire avec lui, recueillir ses confidences et enseignements après un bon repas et beaucoup de baijiu (l’alcool chinois à 50 degrés en moyenne), et tout ça en chinois (soyons précis : en pékinois !) c’est cette vie-là que cela implique.

 

Maintenant, au-delà du formel que lui-même ne prisait guère, vous ne me considèrerez comme disciple de Wei Yuzhu au sens réel de ce que cela recouvre, uniquement si vous percevez en moi, dans ma pratique du Yiquan, dans mon caractère, quelque chose de son enseignement.

Autrement dit, si vous le reconnaissez en moi, s’il y a un air de famille…

 

Le reste c’est de la littérature !

 

Justement, à propos de littérature…

 

C’est donc l’objectif de ce blog. Partager mon expérience singulière, à tout le moins pour un occidental, et de surcroit dans le monde du Yiquan, de vivre cette relation traditionnelle de maître à disciple.

D’abord pour mes propres disciples et élèves, puis pour tous ceux que cette dimension de la tradition chinoise intéresse, et qui sont des amoureux de cet art de vie extraordinaire qu’est le Yiquan.

Cela peut être d’un certain intérêt. Je me dis que d’autres en tireront je l’espère un certain bénéfice.

Que vais-je écrire ?

Je vais parler de mon point du vue et mon expérience sur le Yiquan et les éléments de culture, spiritualité, tradition et martialité chinoise.

Raconter mon vécu en ce qui concerne le baishi, les lignées (celles avec lesquelles je vis, leurs représentants, leurs enseignements), ce qui se passe et se vit dans la famille du Yiquan à Beijing, et en Chine.

Ainsi que les usages, la vie de pratiquant et de disciple…je vais parler de mes oncles et frères de pratique martiale, de ce que je continue de vivre et construire avec eux.

Mais également de mon « grand père » Yao Zongxun, et à la demande de shifu Wei Yuzhu partager également des traductions des enseignements de celui-ci (et d’autres qui sait) qui n’étaient jusque-là accessible qu’en chinois.

 

 

Porte wuguan